L’Alpe : éditorial

Toutes les belles images du Vercors ayant été publiées (ciel limpide et nature proprette), tous les beaux livres déjà édités, sinon vendus, il fallait tenter d’aller au-delà des apparences et, autant qu’il est possible, d’ouvrir une réflexion. Sans pour autant, même si l’on est bien dans L’Alpe, faire la part belle au patrimoine, lui-même objet de trop d’attentions pour ne pas cacher autre chose.

L’occasion était là : le Parc naturel régional du Vercors fête ses trente ans. Mais la fin de siècle et de millénaire aurait tout aussi bien pu servir de prétexte. Au Parc l’initiative, à d’autres, témoins directs et observateurs extérieurs, de poser les questions à défaut de proposer des réponses toujours adaptées. A tous cependant d’ouvrir largement, au coeur de la société locale, une vraie «  méditation collective  » sur le devenir d’un territoire dont on sait la diversité et la… complexité.

Cinq débats publics, pas moins, se sont déroulés au cours de l’automne 2000. Tous très fréquentés, tous animés et quelquefois controversés, avec, semble-t-il pour tous les participants, la certitude que cet anniversaire était le bon. On y va, vraiment cette fois, vers ce développement que l’on dit aujourd’hui durable. On va préserver notre territoire, qui n’a pas connu en trente ans la protection que l’on souhaitait, qui a même vu quelques dérives notoires. On va développer le tourisme «  doux  ». On va faire attention à ne pas surinvestir dans des équipements qui, on vient de le voir cruellement en cet hiver 2001, ne servent à rien s’il n’y a plus de neige. On va s’y mettre, tous et toutes, à fond.

Voeux pieux ? Et le Parc, dans tout ça ? Au moment où de nouvelles collectivités territoriales s’organisent, n’est-on pas, encore une fois, en train de défaire ce qui avait pris tant de temps à construire ? Saura-t-on, dans ce nouveau contexte, donner des missions précises à une institution fragile et sans réel pouvoir ? Devra-t-on se doter de nouvelles et impérieuses réglementations ou, au contraire, fonder l’action sur une politique (culturelle ?) oeuvrant sur le mode du partage des valeurs et de la conviction des acteurs ?

Toutes questions que l’on prétend éclairer ici, que l’on souhaite à tout le moins poser et enrichir de réflexions. Moins pour l’exégèse d’une institution (le Parc) que pour apporter du grain à moudre dans les difficiles débats que suscite le devenir de la moyenne montagne et, plus largement encore, celui de nos campagnes européennes, en une ère de mutations que l’on pressent incontrôlables. Le tout, on l’aura compris, à propos d’un territoire dont la première richesse (et donc le premier patrimoine !) est constituée par ses habitants. Beau sujet et bon prétexte, avouons-le, pour inaugurer une nouvelle collection pour L’Alpe, avec de tels hors-série régionaux.

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