L’Alpe 27 : éditorial

L’idée que l’air de la montagne est bon pour la santé apparaît dès le XVIIIe siècle avec le sentiment de la nature. Ce que traduit Jean-Jacques Rousseau en quelques mots, lorsqu’il parle de cet air « si salutaire et si pur » . Cent ans plus tard, on découvre la montagne et son air stimulant par le Grand Tour des voyageurs et les recherches des médecins sur les maladies contagieuses. Des artistes vont même s’efforcer de transcrire, par la peinture, la transparence et la légèreté de l’atmosphère alpine.

L’argumentation va devenir de plus en plus scientifique. Il y a moins de plantes en altitude, donc il doit y avoir moins de maladies. Moins d’habitants en altitude, donc moins de risque de contagion que dans les villes où l’on déplore des épidémies de dysenterie et de choléra et où la phtisie fait des ravages. Pasteur démontre que plus on progresse en altitude, plus faible est le nombre de bactéries, tandis que Koch découvre enfin le bacille responsable de la tuberculose. L’oxygène se raréfiant et la pression atmosphérique diminuant avec l’altitude, le développement de cette maladie doit en être freiné. On va même définir une zone limite (à mi-chemin entre le niveau de la mer et les neiges éternelles) au-delà de laquelle le corps serait immunisé.

Dès lors, les médecins vont de plus en plus fréquemment conseiller à leurs malades de « changer d’air » et les pneumologues inciter à la construction de sanatoriums. Au bon air s’ajoutent, il est vrai, la suralimentation, le repos, les promenades adaptées et certains traitements spécialisés. La révolution des antibiotiques mettra fin aux temps de La Dame aux camélias et transformera ces établissements en centres de rééducation hautement spécialisés où les malades bénéficient toujours du calme.

Une autre révolution était en germe : celle des sports d’hiver et d’été, avec ses migrations saisonnières d’innombrables citadins allant retrouver la forme dans l’air tonique des sommets, loin au-dessus des vallées où l’air est pollué par l’ozone, le dioxyde d’azote et les particules de poussière. Pour ceux d’en-haut, aujourd’hui comme hier, le bon air apparaît donc bien comme une réalité plutôt qu’un concept imaginaire.

Docteur André Gilbertas
Président de Montanea

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