L’Alpe 49 : éditorial

Trente ans pour le Mercantour. Et alors ? So what ? Le plus jeune des parcs nationaux de France métropolitaine fête son anniversaire et nous interroge sur la grande saga de la protection de la nature ainsi que sur la place de l’homme dans cette aventure. Car chacun sent bien, au fond, que le paysage n’est pas aussi simple que certains voudraient l’imaginer. Ça tombe bien : c’est la vocation de L’Alpe que d’aller regarder au-delà des clichés. Et le diable sait que sur ce sujet-là, nous en avons vu, des clichés. Les parcs nationaux ont suscité bien des publications. Toutes identiques. Ou presque. Jolis panoramas, plans cadrés au cordeau et lumière calibrée à la Ansel Adams… Le grand photographe américain, souvent copié, fut un thuriféraire des espaces naturels.

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Alors que le premier parc français, la Vanoise, ne fut créé qu’en 1963, celui du Yellowstone naissait près d’un siècle auparavant. En 1872, en Amérique, on protégeait les petites fleurs et on achevait, dans le même temps, l’ethnocide des Native Americans. Ansel Adams nous a quittés en 1984. Le jeune journaliste que j’étais alors travaillait pour une revue de photographie dont le rédacteur en chef publia une «  nécro » peu conforme aux standards du genre. En substance, Guy Mandéry se demandait si l’art du célèbre paysagiste ne s’était pas éteint en 1940, au moment où naissait le talent de photographes qui, eux, s’intéressaient davantage aux Américains. Il terminait ainsi son billet : «  Si l’artiste n’est pas cette sensibilité inquiète qui interroge le monde, qui le fera à sa place ? »

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À notre modeste mesure, c’est un peu ce que nous avons voulu faire avec ce numéro de L’Alpe, le premier que nous consacrons, depuis la naissance de la revue, aux territoires, aux cultures et aux patrimoines d’un parc national. En allant voir l’envers du décor et en vous montrant le parc du Mercantour comme vous ne l’avez jamais vu. Comment la montagne a-t-elle marqué l’identité des hommes et des femmes des Alpes du Sud ? À quel point ces Alpes-carrefour sont-elles tournées vers la Méditerranée ? Comment les habitants ont-ils su se forger une identité ? Méridionalité ? Alpinité ? Méditerranéité ? Réponses en forme de questions. Une approche qui sait encore nous émouvoir…

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Bel été (alpin) à toutes et à tous.


Pascal Kober
Rédacteur en chef

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