L’Alpe 76 : éditorial

À la veille de la trêve de fin d’année 2016, synonyme de vacances d’hiver (mais sans neige !), le Parlement français a adopté une nouvelle loi «  montagne  » qui a, entre autres objectifs, celui d’encadrer les projets d’aménagement sur les massifs. Comme toutes les réglementations de la sorte, elle a fait l’objet de débats, souvent polémiques, entre les tenants de l’économie touristique et les défenseurs de la nature.

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Avec ce dossier sur les grands bâtisseurs, la rédaction de L’Alpe n’ouvre pas (pas encore…) ses pages à ces débats, qu’ils concernent le projet de liaison Lyon-Turin (déjà abordé dans le numéro 29 de la revue), l’autoroute A51 au sud de Grenoble, les équipements en remontées mécaniques, l’urbanisme et la croissance des villes d’altitude, le développement de la neige de culture, etc. La controverse devient par ailleurs plus complexe avec le constat, désormais partagé, du changement climatique dont les effets sont plus sensibles en montagne qu’ailleurs.

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Reste le recours à l’histoire, ce qui est loin d’être un repli tactique. «  Ce que peut l’histoire  »  : ainsi était intitulée la leçon inaugurale prononcée par l’historien Patrick Boucheron lors de son entrée au Collège de France, le 11 décembre dernier, induisant qu’au-delà de la connaissance du passé, cette discipline est une école de pensée et de conscience. Il fut en effet un temps (qui dura quelques millénaires) où les pouvoirs ne se sont jamais préoccupés de l’avis des autochtones pour réaliser les aménagements qui leur étaient nécessaires et qui n’étaient pas tous d’intérêt public.

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Ainsi verrons-nous ici comment les Romains ont su rendre les Alpes plus aisément franchissables  ; comment la guerre a été le plus constant des prétextes aux grands aménagements, depuis le Piémontais Ercole Negro jusqu’à Vauban  ; comment le XIXe siècle a vu quantité de projets de désenclavement des montagnes  ; comment la France, plus récemment, s’est dotée d’un plan neige  ; et d’abord comment le connétable de Lesdiguières, lui aussi homme de guerre, sut développer une véritable politique d’aménagement du territoire qui, si elle servait notoirement ses propres intérêts, n’en eut pas moins de profondes conséquences sur l’économie et la vie sociale du Dauphiné et des Alpes françaises.

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C’est d’ailleurs ce dernier personnage qui motive le choix du dossier de ce numéro, lequel accompagne de nombreuses manifestations culturelles en 2017, tant dans les Hautes-Alpes qu’en Isère. Plusieurs musées, associés à des structures universitaires, ont en effet donné rendez-vous aux publics à travers des expositions, des colloques ou des conférences, autour de la personnalité de celui que l’on a surnommé le «  renard des Alpes  ».

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Parmi ces partenaires, le Musée dauphinois, qui contribue, aux côtés des éditions Glénat, à la parution de la revue que vous avez entre les mains. Musée qui vient de se voir doté d’un nouveau directeur, Olivier Cogne, que l’équipe de rédaction de L’Alpe salue et accueille chaleureusement en son sein.

Jean Guibal
Directeur éditorial

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