L’Alpe 06 : mes alpes au troisième millénaire

Jacques-Léo Lavanchy scrute le monde en esthète de l’insignifiant. Libraire, bibliothécaire, voyageur, passionné de science-fiction, poète, musicien et finalement photographe, ce diable d’homme traque le petit détail depuis son chalet d’alpage des Pléiades, au-dessus de Vevey, jusqu’aux plages de la Californie. Ses images, il les trouve dans la structure d’une écorce, les ronds de l’eau, le reflet d’une vitre, une bille de bois flotté, la formation d’un pan de glace, la vague agonisante ou le dessin d’un nuage. Il y réinvente des Cervin et des Himalaya de l’infiniment petit ou des portraits de l’infiniment grand. Macrocosme et microcosme se répondent dans un ensemble singulier dont nous sommes heureux de vous présenter ici quelques extraits en exclusivité.

Attention : exception. Les textes qui suivent sont l’oeuvre d’auteurs qui se sont essayés à l’art d’une fugue ludique sur le thème du troisième millénaire dans les Alpes. Ces pièces miniatures révèlent les fantasmes et les interrogations de scientifiques et de chercheurs, de photographes et d’écrivains, sur un futur qui, au fond, ressemble fort à un miroir déformé du présent…

En juin 1999, nous avions contacté tous les auteurs ayant collaboré aux cinq premiers tomes de L’Alpe en leur envoyant ces lignes : «  Pour cette édition exceptionnelle, nous aimerions que vous nous rédigiez un court texte sur le thème du tournant de millénaire. En substance, mais sans aucune exclusive : «  mes Alpes au troisième millénaire  ». Nous espérons ainsi réunir une abondante matière, riche de la diversité des approches de chercheurs, de journalistes et d’auteurs issus d’univers très différents et pourtant si complémentaires. La période évoquée (hier, aujourd’hui, voire demain) est libre, de même que la forme (mini-essai, réflexion, point de vue, tribune, nouvelle, fiction) qui, bien entendu, pourra (devra ?) être légère. Nous espérons que l’été sera propice à l’inspiration et que vous accepterez de jouer le jeu avec nous.  »

Et en effet, les muses estivales furent prolixes. A tel point que les pages du numéro 6 de L’Alpe n’ont pas suffi à accueillir toutes les contributions reçues et notamment celles de Christian Abry, Hubert Bessat, Yves Frémion, Marc Mallen et André Palluel ainsi qu’un second texte de Jean Blanc et un article de l’association «  Bessans, jadis et aujourd’hui  » que vous pouvez retrouver ici sur le site Internet de L’Alpe.

L’exercice de style était périlleux et c’est probablement la raison pour laquelle ces pages ne respectent guère l’architecture classique de votre revue. Exit les textes qui font la part belle aux savoirs. Place au rêve et au vouloir. Exit les images dont le sens complète l’écrit. Place au sensuel, place à l’évocation, place au décalage. Promis, nous ne répéterons pas cette formule trop souvent. Mais ce tournant de millénaire méritait bien un espace atypique…

La lecture de ces vingt réflexions brosse le portrait d’une alpe très actuelle : la préservation du patrimoine, les risques naturels, l’amour et la gaudriole, l’onirique et le concret, la wilderness et le franchissement des Alpes, le vécu et l’actualité, l’écologie et l’aménagement du territoire. Au fond, lorsqu’on parle du futur, on évoque d’abord sa propre époque… C’est pourquoi nous avons tenu à illustrer ces pages avec les oeuvres de quelques grands noms de l’art contemporain (Henri Cartier-Bresson, Fellini, Picasso, Soulages…) mises en relation avec le travail d’un auteur suisse, Jacques-Léo Lavanchy, qui ne voit que des montagnes dans ses «  pays d’outre-partout  ».

Pascal Kober

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