L’Alpe 31 : éditorial

La montagne enserre de toutes parts une étroite voie de communication millénaire. Dès que l’on s’élève, cet axe majeur de pénétration des Alpes occidentales offre toutefois d’immenses espaces dévolus à l’élevage et au tourisme. Des dizaines de milliers d’ovins et de bovins durant la belle saison, et tout autant de touristes hiver comme été, parcourent chaque année les paysages somptueux de la Maurienne à la recherche d’herbe, d’air pur ou de contemplation.

Si le passage fameux du Mont-Cenis fut emprunté dès la préhistoire par un grand nombre de voyageurs dont plusieurs ont laissé des traces, il n’en reste pas moins que les villages d’altitude, isolés durant les longs mois de la mauvaise saison, restèrent tout au long du XXe siècle de véritables conservatoires montagnards. C’est à Bessans qu’Eugénie Goldstern rassembla, à l’aube de la première guerre mondiale, les matériaux de sa thèse de doctorat considérée aujourd’hui comme un travail fondateur de l’ethnographie alpine.

Chemins et routes, gravures rupestres et fortifications en tous genres, abbayes, chapelles et retables baroques témoignent à foison des échanges soutenus et constants le long de cette vallée ouverte sur la Dora Riparia, Turin et l’Italie toute entière. Où l’on voit là une fois de plus et de façon éclatante que les Alpes ne furent jamais un obstacle mais plutôt un lien puissant entre les hommes et leurs idées.

André Pitte

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