L’Alpe 34 : éditorial

Pour être européennes dans leur entier (sept pays, deux principautés et une quinzaine de régions se partagent le massif), les Alpes n’en sont pas moins un condensé de diversité culturelle. Cette même diversité que l’Unesco vient de proclamer patrimoine mondial, c’est-à-dire en péril. Ici, les premières colonisations aux périodes préhistoriques, les grandes invasions de la protohistoire et des premiers siècles de notre ère, puis les mouvements incessants de peuples par delà les cols, ont dessiné une géographie culturelle riche et complexe.

Les langues sont demeurées (demeurent encore ?) pour témoigner de cette diversité et les religions viennent accroître encore ce découpage dans le domaine des croyances et de la spiritualité. Quant aux frontières politiques et administratives, elles sont notoirement les plus… hasardeuses, en tout cas impuissantes à rendre compte d’une quelconque réalité humaine. Les migrations venues d’autres origines, souvent des pays pauvres de la Méditerranée ou de l’Afrique, mais aussi de l’Extrême-Orient, rendent, quant à elles, encore plus complexe l’appréhension des identités collectives, tout en métissant et enrichissant des cultures qui ont toujours été en constante évolution.

À un même contexte géographique, sur la pente ou dans les vallées, les communautés humaines ont donc apporté des réponses différentes d’une extrémité à l’autre du massif. C’est à cette exploration patiente, dans les modes de vie et les comportements, dans les représentations mentales et quelquefois jusque dans les détails de la vie quotidienne, que se consacrent les auteurs de ce volume de L’Alpe. Tandis que seront aussi abordées, comme un contrepoint et une ouverture sur les mondes imaginaires, des civilisations improbables qu’une archéologie poétique se plait aujourd’hui à exhumer…

Jean Guibal

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