Edwige Bernanoce

Le théâtre de l’infini

Certaines histoires restent dans le cœur et tiennent chaud. Univers de l’intime et jardins secrets à demi découverts. Passages de vies sensibles où le corps se repose. Agrandisseur, négatif, contact. L’image apparaît dans le bain de mémoire. Je me souviens alors de ces flancs de montagnes écorchées. Et j’aimerais laisser le temps au-dehors, ouvrir mes sens à l’infini bleuté. Je me souviens d’un théâtre qu’on a réduit au silence, d’une ville matière sur l’infini, d’un escalier emprunté à l’apesanteur et de pierres égrenées aux chemins de l’histoire. Je me souviens du parfum des roses que plante ma mère. Tendrement, les prenant entre ses mains, m’invitant à partager leur fragrance. Sur ces pas égrenant les noms familiers des plantes alpines, mon cœur horizonne. Je me souviens de la joie et des rires au milieu des montagnes, notre groupe prenant la marche vers une amitié imprenable. Le parfum des pierres chaudes du Vercors, de la forêt de Chartreuse et des lacs de Belledonne. Je me souviens d’une fille qu’on marie et de la ferveur des nuits de festival. Je me souviens des petites bennes qui transportent l’or gris et des silhouettes dentées au soleil couchant. Bains, positif, magie. L’image reste pour toujours au fond de moi. Il est des histoires qui restent dans le cœur et qui tiennent chaud. Mon intime univers et des photos de cimes sur un mur londonien. Passages de mots sensibles où l’image se repose.

Edwige Bernanoce, photographe.

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