Claude Samuel

Quand Messiaen brisait la glace

En cette année de célébration du centenaire de la naissance d’Olivier Messiaen (1908-1992), quand plus de mille concerts fêtent ce compositeur dans le monde entier, qui me voit personnellement impliqué dans l’ensemble des manifestations, mon jardin secret est largement public  : il s’agit de répéter une nouvelle fois que Messiaen, né (par hasard) à Avignon, résident (par nécessité) pendant quelque soixante-dix ans à Paris, n’était pleinement heureux que dans sa maison iséroise de Petichet, face aux paysages grandioses qui ont stimulé son inspiration et qui, en regard de ses préoccupations théologiques, ont nourri sa réflexion. J’ajoute des souvenirs personnels. L’inauguration en 1968 de la Maison de la culture de Grenoble avec la création du spectacle de Maurice Béjart consacré à Baudelaire. Mais aussi les concerts organisés à Courchevel (Savoie) par un homme aujourd’hui disparu, qui transfigura pendant des années l’image d’une station de sports d’hiver, Gilles de La Roque. Et, plus prosaïquement, quelques courses au cœur des paysages du massif du Mont-Blanc, dont je n’ai jamais retrouvé ailleurs l’équivalent  : la mer de Glace et la longue marche qui permet d’accéder au lever du soleil au col du Géant. Je doute que Messiaen, lui, ait grimpé sur des sommets. Sa modeste maison dominait le lac de Laffrey, et l’on raconte qu’il s’y baignait, même en hiver, en brisant la glace…

Claude Samuel, journaliste, critique musical, délégué général de Messiaen 2008, auteur d’ouvrages sur le musicien.

Retour en haut