Olivier Le Carrer

Hautes terres en haute mer

On ne dira jamais assez combien la montagne est importante pour ceux qui n’y mettent pas les pieds. Les marins, par exemple. Faisant partie de ces adeptes du voyage à dénivelé modeste (un à deux mètres de houle en général, une dizaine au pire), j’ignore à peu près tout des subtilités de l’adret et de l’ubac, mais je sais ce que je dois aux sommets. Pour avoir eu le plaisir de naviguer à vue sur les reliefs de l’océan Pacifique, j’ai compris que des explorateurs comme Cook et Bougainville devaient une fière chandelle aux 2 241 mètres du mont Orohena, qui permet de repérer l’île de Tahiti de très loin (une bonne centaine de milles) grâce au complaisant nuage blanc accroché à sa cime. Les paysages des Alpes ? J’en connais au moins un côté par cœur : la majestueuse frise blanche qui se détache sur l’azur du ciel quand on arrive de Sardaigne ou de Corse, bien avant d’apercevoir le rivage. Et chaque fois, je me dis que j’irais volontiers cheminer sur ce joli massif qui m’indique gentiment la route. Un jour peut-être… En attendant, je savoure en béotien la roborative lecture de L’Alpe, idéale pour se mettre en condition sans risquer l’onglée !

Olivier Le Carrer, journaliste et navigateur passionné par la cartographie.

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