L’Alpe 63 : éditorial

Comment les Alpes suisses se sont-elles forgé cette image de berceau du chocolat alors que le pays n’a jamais possédé la moindre colonie sous les tropiques ? Pourquoi le cacahuatl des Aztèques a-t-il fait les yeux doux au lait des alpages helvétiques ? Mondialisation, déjà : les Alpes ont toujours été terres de brassages culturels. N’en déplaise à ceux qui croient, aujourd’hui encore, que le monde change trop vite. C’est l’un de ces mystérieux secrets que tente de percer cet opus de L’Alpe à la veille des fêtes de fin d’année. Un temps qui est celui des douceurs sucrées. Dans les Alpes, pâtisseries, confiseries, miels, noix, fruits séchés et autres sucreries sont aussi au menu des retrouvailles familiales sous le sapin ou dans la cheminée. Cette tournée des popotes va ravir les enfants. Petits et grands…

Dans ce numéro de frimas, L’Alpe évoque ainsi les plaisirs contenus dans ces produits qui ont fait le bonheur des habitants aux temps anciens d’une agriculture vivrière. Et qui séduisent encore skieurs et randonneurs. Depuis le vénérable bricelet, cette gaufre médiévale des jours de liesse, probablement imaginée au détour de l’une de ces longues veillées passées au coin du feu, jusqu’à la barre énergétique méthodiquement conçue pour les alpinistes en mal de faces nord, en passant par les pistoles, ces délicieuses friandises des Alpes du soleil, voici un florilège des douceurs des hauteurs et de ceux qui les ont inventées et les mitonnent aujourd’hui encore, avec tant d’amour.

Au lendemain du quinzième anniversaire de votre revue, ce numéro de L’Alpe marque une (légère) inflexion de notre politique éditoriale avec une attention accrue portée aux événements culturels européens. Outre nos pages d’actus, ce sont ainsi pas moins de trois expositions et deux livres qui font l’objet d’importants développements dans nos pages «  & aussi ». Aux côtés de Pierre Novat, spécialiste du panorama alpin, et de l’écrivain voyageur Jean-Christophe Rufin, nous sommes allés sur le terrain, à la rencontre des ethnologues qui ont bâti l’image de la montagne valaisanne et avons enquêté sur la destinée surréaliste de paysages alpins réalisés par le peintre Diodore Rahoult.

Rêve-t-on de cacao aux Maldives ? À l’heure de boucler ce numéro, j’apprends que, pour s’implanter sur les marchés des pays tropicaux, un fabricant (américain) aurait inventé la tablette de chocolat… qui ne fond pas ! La boucle serait alors bouclée pour dire la mobilité géographique et culturelle des produits qui succulent et celle des hommes et de leurs idées…

Joyeuses fêtes à toutes et à tous et belle année nouvelle !

Pascal Kober,
Rédacteur en chef

 

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