L’Alpe 67 : éditorial

Nul n’échappe aux idées reçues. Pas même (parfois) les journalistes de L’Alpe ! Ainsi pensais-je que la montagne avait accouché du câble pour transporter les hommes dans la pente. Le génie humain n’a pourtant pas attendu les sports d’hiver pour développer ce mode de transport. Nos ancêtres (asiatiques) le nommaient «  pont de singe » et avaient recours à la liane pour franchir les rivières. Plus tard, c’est dans la plaine que l’industrie invente des systèmes pour remonter les matériaux extraits des tréfonds de la terre. Mais c’est bien grâce aux progrès techniques accomplis en plus d’un siècle pour le développement du tourisme dans les Alpes que sont nés les équipements de téléphériques urbains qui facilitent aujourd’hui nos déplacements à Londres ou à Rio de Janeiro. Ce numéro vous conte cette saga. Époustouflante !

Tout aussi époustouflante, l’actualité culturelle que nous scrutons dans la deuxième partie de la revue. Vous allez y découvrir un grand artiste italien, Giuseppe Penone, exposé à Grenoble. Il nous parle de ses montagnes. Ou encore Caspar Wolf. Au XVIIIe siècle, un peintre pionnier du paysage sur le motif dont nous vous montrons quelques toiles présentées à Bâle. Enfin, les «  neigeries », touchantes, d’un poète dont personne ne s’attend à trouver ici les mots. Dix ans après sa disparition, Claude Nougaro dévoile son hiver dans ce numéro de L’Alpe. Enchantement…

Cette exigence éditoriale et cette curiosité de la rédaction ont un prix. Depuis treize ans, celui de votre revue n’a pas changé. Nos abonnés ont même vu leur fidélité récompensée : pas une seule augmentation depuis la création de L’Alpe en 1998. Aujourd’hui, notre économie doit toutefois être réajustée pour tenir compte d’une inflation qui, depuis le papier jusqu’aux affranchissements, ne nous a pas épargnés : trois petits euros en plus chaque trimestre pour un numéro de L’Alpe. Plus que jamais, tel est le prix de notre indépendance. Et de votre assurance de trouver en ces pages, lianes japonaises, artistes ou autres poètes que vous ne lirez nulle part ailleurs. D’avance, merci pour votre compréhension.

Enfin, je ne peux boucler cet éditorial sans émotion. Demain, mon adjointe, Dominique, prendra le large pour une retraite sûrement très active (et pas si éloignée de votre revue…). Combien de fois la traqueuse de mots m’a-t-elle reproché de conclure mes articles avec un clin d’œil à Kipling ? Je ne sais plus. Mais ceci, c’est (vraiment) une autre histoire !

Toute la rédaction vous souhaite une excellente année 2015.

Pascal Kober
Rédacteur en chef

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