L’Alpe 80 : éditorial

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Notre revue n’en est pas à ses premiers pas. À l’aube de ses vingt ans, L’Alpe avance vers de nouvelles aventures pleines de promesses. Mais l’heure n’est pas encore venue de fêter cet anniversaire. Patience… En attendant, ce numéro est dédié à ce que l’homme et la femme font le plus naturellement du monde, et ce, dès leur plus jeune âge  : marcher  ! La marche sous toutes ses coutures est ainsi interrogée à travers l’histoire et jusqu’à aujourd’hui pour rendre compte de sa singularité dans les Alpes.

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Ici sans doute plus qu’ailleurs, la marche est d’abord utilitaire pour permettre l’activité des sociétés dans des espaces où les obstacles sont légion. «  À marche forcée  », pour reprendre la fameuse expression à connotation militaire. Ce fut une réalité quotidienne pour la plupart des Alpins dans leurs métiers, depuis les bergers jusqu’aux colporteurs en passant par les bûcherons ou les charbonniers. Avant que les Alpes ne se transforment, au XIXe siècle, en paradis pour les marcheurs en quête d’air pur. Bien plus tôt, ces montagnes furent terrain d’exploration pour les amoureux de la nature dont la littérature fait le récit depuis la Renaissance. Tel le naturaliste suisse Conrad Gesner qui exalte les vertus de la marche dans l’un de ses livres paru en… 1555  !

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Au cours des dernières décennies, les Alpes sont devenues l’espace de prédilection de randonneurs à la recherche d’une activité physique intense loin des villes et de leurs désagréments. La randonnée est aujourd’hui un loisir de masse et la performance de mise à travers l’émergence de courses, trails et autres compétitions dans tous les massifs ou presque.

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L’art s’en mêle aussi pour invoquer la marche comme une source d’inspiration inépuisable qui permet aux créateurs de sortir des sentiers battus d’un monde à l’épreuve des normes et de leurs contingences.

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La marche est sans frontière et renvoie au parcours des individus à l’échelle de notre planète. Une mobilité humaine qui peut aussi être celle de ces migrants au destin tragique qui n’ont pas d’autres alternatives que de marcher loin, très loin de chez eux, pour survivre. C’est ainsi le récit d’Aboubacar, Alpha, Alseny et Amadou, jeunes Guinéens qui ont trouvé asile dans les Alpes dans l’espoir d’une vie meilleure.

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Marcher pour vivre ou vivre pour marcher, au fil de l’histoire, au gré des parcours de vie, nous oscillons à chacun de nos pas entre ces deux réalités.

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Olivier Cogne
Directeur du Musée dauphinois

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