L’Alpe 84 : éditorial

Une réserve internationale de ciel étoilé ! Et même la première créée en Europe ! C’est au pic du Midi de Bigorre. Et voici pourquoi L’Alpe fait sa une avec une image des… Pyrénées ! Pour la première fois dans son histoire. Oh, certes, le regard, taquin, de la photographe Maia Flore y est pour beaucoup. Coup de cœur du rédac’ chef pour la qualité de ce travail qui témoigne d’une belle maturité d’expression. Mais enfin, l’existence de ladite réserve est également tout sauf anodine. Labellisée en 2013, elle vient en effet d’être rejointe par celle des Cévennes (la plus grande en Europe), le sera cette année par la Suisse et donnera probablement des idées, demain, aux parcs nationaux des Écrins et du Mercantour voire aux parcs régionaux comme les Baronnies ou le Vercors.

Les étoiles pourraient donc ainsi être parquées dans une réserve ? Comme des Indiens ? Question pas si anodine. Les caractéristiques du territoire montagnard (altitude, isolement, etc.) ont certes suscité la construction des premiers observatoires dans les Alpes car la pollution lumineuse y était alors moindre. Mais quid aujourd’hui ? Ce ne sont plus tant les étoiles que les chercheurs y observent que d’autres phénomènes comme le trou dans la couche d’ozone, les pluies acides ou encore les gaz à effet de serre.

C’est d’ailleurs l’un des enseignements tirés de l’élaboration du dossier de ce numéro : en un peu plus d’un siècle, les observatoires d’altitude ont dû changer de vocation. Concurrencés par le télescope spatial Hubble ainsi que par des installations plus performantes localisées dans d’autres montagnes plus élevées ou plus isolées, ils gardent bel et bien leur rôle de vigie, mais moins pour les scientifiques (qui y traquent donc dorénavant l’impact de l’homme sur son environnement) que pour le grand public. Lequel peut ainsi profiter de certains instruments, s’initier aux mystères de l’univers, voire séjourner sur site pendant plusieurs jours pour garder la tête dans les étoiles.

À propos, faites-vous partie des 10 % de ménages qui, selon Marie-Pierre Alexandre, directrice générale de l’association française de l’éclairage, dorment toutes lumières allumées ?

Et pour continuer à parler d’étoiles, après un numéro exceptionnel qui fêtait avec éclats (lumineux ;-) les 20 ans de L’Alpe, nous revenons à une architecture plus classique de la revue. Voici donc le retour de notre rubrique & aussi dédiée aux grands événements culturels des Alpes européennes. Au menu de ce printemps : les Sentinelles de Victoria Klotz et les Arbrassons de José Le Piez, deux artistes étonnants programmés dans le cadre de la « saisonnale » Paysage->Paysages  ; un hommage au grand photographe suisse Jean Mohr, disparu l’automne dernier ; et le portrait sensible de Michel Carnino, un berger sculpteur qui n’était pas de bois.

Bonne lecture et bonne (re)découverte…

Pascal Kober
Rédacteur en chef

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