L’Alpe 89 La Durance, l’eau vive de la montagne
Alpine et provençale, le double portrait d’une rivière.
Née près de Montgenèvre, la Durance court sur plus de 320 kilomètres jusqu’à Avignon, alimentant en eau toute la Provence. Chantée par Giono, peinte par Paul-Camille Guigou, la Durance a pourtant eu longtemps mauvaise réputation. Il faut dire que ses crues torrentielles détruisaient gués, ponts, cultures et habitations. Muselée par des barrages et des canaux, la belle s’est assagie et est aujourd’hui courtisée pour ses ressources hydrauliques et touristiques.
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À la une : Lavandières sur le bord de la Durance, une huile sur toile tout en lumières et délicatesse du peintre Paul Guigou (1866, National Gallery of Art, Washington). Le portfolio du dossier lui est consacré. Source : Bridgeman Images.
LE DOSSIER
UNE RESSOURCE TRÈS CONVOITÉE
Belle rivière des Alpes du Sud quand elle coulait libre, crainte par les riverains pour ses violentes crues automnales et ses bas niveaux estivaux, la Durance est devenue en soixante ans l’archétype des rivières méditerranéennes hyper-aménagées. Plus que jamais, la basse vallée et les villes littorales comptent sur son eau et sur celle du Verdon pour leur croissance. Mais comment la répartir équitablement entre l’aval et l’amont ? Retour sur les politiques de sa gestion. Par Jean-Paul Bravard, géographe des fleuves.
LE VAL DES HIRONDELLES
Axe de circulation majeur depuis l’Antiquité, le val de Durance est un lieu de passage essentiel articulant montagne, plaine et mer. Les uns descendent, les autres remontent, au rythme des saisons ou des vagues de migration. Bien avant les vacanciers, s’y sont croisés marchands et saisonniers, colporteurs et muletiers, troupeaux et bergers… Par Anne Montenach, historienne.
GUÉS ET BACS. UN PASSAGE PÉRILLEUX
Pendant des siècles, le franchissement de la Durance pour faire se rencontrer les hommes des deux rives a relevé du défi. Resté un monstre indomptable, le fantasque torrent devait pourtant être dominé, tant pour des raisons économiques que politiques. Et ce, quel qu’en soit le moyen : nu dans l’onde fraîche ou presque au sec à bord d’un frêle esquif tendu au bout d’une corde. Récits d’une traversée… Par Jean-Loup Fontana, conservateur en chef du patrimoine.
LE TEMPS LONG DES MÉTAMORPHOSES
Tels ces êtres mythologiques qui se muent en plantes, pierres ou bêtes, la vallée de la Durance s’est transformée radicalement au cours des temps géologiques récents. Tour à tour fleuve, canyon, glacier, rivière, cet ancien « fléau de la Provence » est aujourd’hui un cours d’eau largement domestiqué. Par Jean-Claude Hippolyte, géologue, et Cécile Miramont, géographe.
CANAUX. L’EAU EN PARTAGE
Construits pour certains dès le XIIe siècle pour des usages productifs et agricoles, les canaux de la Durance sont devenus précieux au fil du temps pour les territoires qu’ils irriguent. Réservoirs de biodiversité, ils pourraient s’avérer être des outils majeurs pour la gestion de l’eau dans le futur, en cas de sécheresse comme d’inondation. Par Chantal Aspe, sociologue, André Gilles, biologiste et Marie Jacqué, sociologue.
IL FIT SON LIT DU LIT DE LA DURANCE
Peu connu du grand public, mais prisé des amateurs qui soutiennent vigoureusement sa cote lors des ventes aux enchères, Paul Guigou fut un paysagiste talentueux, ami des futurs impressionnistes, mais à la carrière interrompue par une mort précoce. Pour la postérité, il demeure le chantre des Alpes de Haute-Provence et des bords de la Durance. Par Jean-Louis Roux, critique littéraire et critique d’art.
UN FLEUVE SANS DIVERTISSEMENT
« Un fleuve est un personnage, avec ses rages et ses amours, sa force, son dieu hasard, ses maladies, sa faim d’aventures » disait Jean Giono. Le poète a célébré comme nul autre la Durance, qu’il qualifiait aisément de « fleuve ». Portrait de celui qui, disparu il y a cinquante ans tout juste, fut notamment co-auteur du scénario du film L’Eau vive (1958), dont la rivière alpine est l’héroïne. Par Guillaume Lebaudy, ethnologue.
L’ŒUVRE AU LONG COURS
Depuis plus de vingt ans, Andy Goldsworthy, figure majeure du land art, émaille la réserve naturelle géologique de Haute-Provence de ses Refuges d’art. Le parcours qu’il a imaginé relie trois Sentinelles, sculptures de pierres sèches, et d’anciens bâtiments, reconstruits et revisités pour accueillir les randonneurs lors d’une halte contemplative ou pour une nuit. Par Audrey Passagia, membre de la rédaction de L’Alpe.
ET AUSSI…
GRENOBLE ET SES ARTISTES AU XIXe SIÈCLE
Doté de la plus fabuleuse collection d’art moderne et contemporain en province, le musée de Grenoble détient également des œuvres d’artistes dauphinois qu’il met régulièrement en valeur. Son exposition du printemps est une magistrale illustration, presque ethnographique, de la place et du rôle de ces créateurs dans une société qui vit les premiers bouleversements de la révolution industrielle. Par Valérie Huss, conservatrice du patrimoine.
L’ATTRAPE-LUMIÈRE
Kurt Moser est ambrotypiste. Après avoir parcouru le monde comme caméraman pour les plus grandes chaînes de télévision, cet ancien documentariste et reporter de guerre italien s’est lancé un nouveau défi : revenir aux origines de la photographie pour immortaliser ses Dolomites natales. Un hymne à la montagne et à ses habitants. Par Sophie Boizard, rédactrice en chef de L’Alpe.
LES ACTUS DE L’ALPE
EXPOSITIONS, RENCONTRES, LIVRES…
Toute l’actualité culturelle de l’Europe alpine, de Nice à Vienne et de Genève à Ljubljana : rencontres, beaux livres, colloques, musées, expositions, gastronomie, cinéma, courrier des lecteurs, etc. Ces pages fourmillent de nouvelles !